750 grammes
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28 avril 2005

Bangkok belly

Même sans être diplômé d'Oxford, vous devinez ce que c'est. Hier nous avions un programme chargé : prendre le bateau-bus pour Tha Tien, se faire masser au Wat Pho, puis faire un petit tour au marché de Pak Khlong afin d'y trouver quelques végétaux. Mais au beau milieu de mon massage one hour with herbs, sous les petits doigts puissants d'une des charmantes sylphides masseuses, je sens qu'il se passe quelque chose. J'ouvre les yeux, décontenancée, vers le splendide plafond jaune et les nombreux ventilateurs. Pourvu que je tienne jusqu'à la fin du massage... Je cherche le coupable dans ma mémoire : le repas dans l'avion, hier, qui m'avait semblé légèrement douteux ? La salade de papaye verte (som tam) d'hier, furieusement accommodée avec trois chilis verts, ce qui était un moyen un peu brutal d'atterrir en Thaïlande ? Le phad thai pas folichon de tout à l'heure ? — ça m'apprendra à entrer dans les petits bistrots chics à l'air clean pour Américaines, j'aurais mieux fait de m'asseoir à une table en plastoc branlante sur trois pavés de trottoir, comme tout le monde. Le photographe, qui a eu la même expérience un peu plus tôt, affirme qu'il faut incriminer les petits piments verts "crottes-de-souris", ceux qui donnent un exquis goût à tout, comme le dit mon ami Éric. Je ne suis pas de cet avis. Je les consomme couramment, même à Paris, et rien de tel ne m'arrive jamais. Toujours est-il qu'il faut prendre une décision, et vite. Nous remettons Pak Khlong au lendemain, le photographe se rappelle même qu'il a des lumières de fin d'après-midi à choper au restaurant panoramique, et hop, nous voilà dans un taxi en route vers l'hôtel.
Eh bien, grosse erreur : il ne faut jamais prendre un véhicule à proximité d'un site touristique. Surtout s'il est à l'arrêt. En général, qu'il s'agisse d'un tuk-tuk (triporteur) ou d'un taxi-meter, le phaéton est up to no good. Il faut faire quelques pas et arrêter un taxi en marche. Au bout d'un kilomètre environ, je m'aperçois que le chauffeur n'a pas mis le compteur. Je le lui fais remarquer.
— No meter?
— No, no meter
, me répond-il sur l'air de "si ça ne vous plaît pas, allez vous faire voir".
Voilà qui n'est ni courtois ni commerçant. Ne jamais s'énerver, d'ailleurs avec les tripes qui font des nœuds marins, je n'ai aucune envie de m'énerver. Tout doucement je lui fais remarquer : No meter, no good.
Furieux, notre cocher marmonne entre ses dents des choses que, je le devine, le petit bouddha doré assis derrière son pare-brise ne serait pas très content d'entendre ; heureusement pour lui, il est dans une boule de verre, donc il doit être sourd à ces invectives. Par gestes, le chauffeur nous fait comprendre qu'il est sur le point de nous jeter dehors. Et pourquoi pas ? Il nous a pris pour des Américains (le Canon du photographe n'est d'ailleurs pas fait pour nous éviter ce genre de mésaventure), il ne s'attendait pas que nous lui fassions remarquer son arnaque, il a donc perdu la face et l'histoire ne peut pas se terminer autrement. J'envisage de redoubler de douceur et je pense même lui faire un wai (salut mains jointes, signe de respect et de gratitude) mais je m'abstiens, il ne faut pas jouer avec ça, même avec un voyou. Bien entendu, il a pris soin de nous jeter à une entrée de marché, à un carrefour des plus congestionnés. Silencieusement, je supplie mes tripes de se calmer encore une demi-heure, durée à laquelle j'estime notre retour, tenant compte des feux rouges qui durent cinq minutes et des aléas divers. Un chauffeur de tuk-tuk nous fait signe. Il a une bonne bouille. Je lui donne le nom de notre hôtel et lui demande le prix. Je trouve ça un peu cher. Je marchande (si mes boyaux se fâchent vraiment, je ne l'aurai pas volé). Il me répond que l'hôtel est loin et que c'est l'heure de pointe. Cela me paraît tout à fait raisonnable, nous lui disons que nous allons prendre un taxi. Le premier qui s'arrête met son compteur, nous sommes sauvés. Après un retour à l'hôtel sans problème et les soins appropriés, je récupère au moyen de trois heures de sommeil. Ensuite, c'est riz et banane pour le dîner.

Ce matin, je me soigne à grandes lampées du délicat shincha (thé de nouvelle récolte) rapporté du Japon.

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Ces désagréments heureusement sans gravité ne sont pas une raison pour vous refuser quelques images de notre promenade d'hier. Tout d'abord, comme de bien entendu, ces fruits sont destinés à vous faire baver. On en achète à tous les coins de rue.

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La forme élégante de ces mangues vertes n'est pas sans rappeler celle des mains de Bouddha (ici, au Wat Pho), tout en abandon et en souplesse. La même grâce sinueuse habite les fines peintures murales du Wat Pho.

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Et maintenant, une petite démonstration de cuisine thaïe. Au marché couvert qui fait face au Wat Pho, nous avons trouvé ce wok oisif.

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Il n'est pas long à reprendre du service. Bientôt, une main experte le fait chauffer, vide l'eau grasse qu'il contient, et y fait frire quelques lanières de poulet...

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... bientôt rejointes par un œuf et quelques feuilles de bok choy.
La cuisinière touille imperturbablement.

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L'œuf est brouillé, le bok choy juste flétri à forte chaleur.

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Un bol de riz cuit, quelques gouttes de sauce de poisson et de sauce d'huître, et en deux minutes c'est prêt. Arawy ! C'est très bon.

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