Typhon sur Nag... euh, Bangkok
Vlan, des paquets d'eau frappent mes fenêtres au septième étage de l'hôtel Dusit Thani. Le tonnerre mugit, les branches fines des arbres se tordent comme des dragons dans les nuées. C'est Bangkok sous la flotte, un spectacle grandiose que je n'avais encore jamais vu. Et je vous parie (il fait 36 degrés en moyenne chaque jour) que ça ne rafraîchira pas l'atmosphère.
Nous sommes arrivés hier soir claqués, après un autre de ces trajets aériens via
Hong Kong dont notre itinéraire a le secret. Entre Hong Kong et
Bangkok, une mère de famille américaine, à une rangée de nous, avait du
mal à retenir sa couvée de monstres hurleurs qui n'ont pas cessé
d'exprimer leur true unadulterated self
tout au long du vol.
Voler est déjà assez pénible comme ça, de sorte que nous avons débarqué
légèrement las, moi avec des images non sollicitées de trucidage
d'enfant dans mon cinéma mental. Le trajet jusqu'à l'hôtel a vite
effacé ces mauvaises pensées : mille sabords, ça a encore poussé !
Cette cité de gratte-ciel n'était pas là en juin dernier. Et
ils nous ont encore rajouté des panneaux publicitaires géants, des
boîtes de verre pleines de Porsche et de Mercedes au bord des
autoroutes, bref le
business et l'urbanisation n'ont pas reculé d'un poil (je ne vois
d'ailleurs pas pourquoi ils reculeraient). Bangkok continue de se
hérisser à
vitesse grand v, et selon un plan toujours aussi anarchique (ça pousse
un peu n'importe où). On m'a parlé de récession en Asie du Sud-Est,
manifestement on voulait rigoler. Les panneaux de pub trahissent les
gros investisseurs : Japon, Allemagne. Bien entendu, la verdure qui
avait fait mon admiration à mon premier passage est toujours là, et
plus luxuriante que jamais : arbres à soie géants, manguiers,
ravenalas, flamboyants, frangipaniers...
L'orage se calme un peu. Tiens, un autre machin en construction.
Je me copierai cent fois : je ne dois jamais sortir sans mon appareil numérique. Le petit déjeuner par exemple : ah, ces fruits ! Papaye, ananas, melon, pastèque, pomelo, le tout artistiquement taillé en gros morceaux. Et après ça un petit bol de johk muu (riz en congee aux boulettes de porc) recouvert de gingembre émincé, d'œuf dur salé, de petits poissons frits, de bœuf effiloché, de chili rouge et d'ail frit. Je sens que les quelques kilos perdus lors de la semaine au Japon (et pourtant, nous avons bouffé comme des chancres, mais telle est la cuisine japonaise) nous reluquent vicieusement, prêts à prendre leur revanche, derrière les fourneaux thaÏlandais.