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21 octobre 2008

Notre route vers Anxi

_Poetonmountain

Avant de commencer le récit de ce périple, voici une photo de moi dans les collines d'Anxi. Juste au sommet de la montagne, là, c'est moi.
En fait ce ne sont pas les collines d'Anxi mais d'une autre région en Chine du Sud ; ce n'est pas une photo de moi mais d'un poète du début de la dynastie Ming ; enfin ce n'est pas une photo mais une peinture à l'encre de Shen Zhou. Mis à part ces détails secondaires, cette scène est parfaitement véridique. C'est vraiment moi dans les montagnes d'Anxi, intérieurement et spirituellement du moins. Comme je n'ai trouvé personne pour me photographier en plein crapahutage parmi les théiers de Long Juan, cette image est celle qui me semble le mieux résumer mes impressions de ce séjour.

01

Nous sommes le 5 octobre, vers 9 heures, à Guangzhou. À bord de la grosse cylindrée de notre hôte Bingbing, nous faisons route vers le Fujian. Le typhon de la veille n'est plus qu'un souvenir.

02

Souvenir toutefois entretenu par le ciel chargé par endroits. Le soleil, passant par les trouées des nuages, fait rutiler comme du jade les arbres qui dominent les rizières vert fluo. Au milieu des rizières, les buffles d'eau couleur de châtaigne ruminent paisiblement. C'est le premier paysage de peinture chinoise que je croiserai. Pas le dernier.

03

Sous le ciel qui se fait de plus en plus menaçant, nous doublons un camion de cochons.

04

Des cochons, voilà qui nous rappelle opportunément qu'il est midi et qu'il est temps de reprendre des forces. Une fois atteint le littoral de la mer de Chine, nous nous arrêtons à Shenshan pour prendre un repas substantiel à base de fruits de mer et de poissons. En effet, à Anxi, nous serons provisoirement privés de produits marins. Tout le monde a bien l'intention de profiter, alors qu'il en est encore temps, de la délicieuse cuisine côtière des environs de Chaozhou.

05

Comme d'habitude, on va passer la commande du côté des aquariums. Ces deux pomfrets grassouillets finiront à la vapeur, avec gingembre et ciboules, sur notre table.

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Nous n'avons pas goûté ces curieux crabes (ici admirés par leurs colocataires les mérous), mais je les poste ici juste pour l'esthétique.

07

Les huîtres, en revanche... Vendues déjà ouvertes, elles sont l'ingrédient de base d'une savoureuse omelette que l'on déguste sur les côtes de Chine méridionale. La saveur en est très douce ; elles sont presque indissociables des œufs qui les enrobent, parce que ceux-ci ont pris leur goût. Seules les textures sont légèrement différentes.

07bis

Ce restaurant-aire d'autoroute (on aimerait bien avoir les mêmes chez nous) se double d'un magasin de souvenirs. Que rapporte-t-on de la côte nord-est du Guangdong ? Des bestioles marines séchées, par exemple ces grosses crevettes. Il y a aussi des poulpes entiers et des calmars géants déshydratés.

08

Nous reprenons la route. À mesure qu'on se rapproche du Fujian, il se met à flotter de plus en plus fort. La pluie, le ciel bas et pourtant lumineux qui avive le vert fluorescent des rizières, la clarté marine moite et brumeuse, tout cela crée un tableau polychrome fantastique.

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Nous longeons des massifs rocailleux qui accrochent les nuages. Si nous tournons notre regard de ce côté, le paysage devient monochrome, un peu comme la peinture à l'encre vue plus haut.

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Ça commence à pleuvoir sérieusement. En fait, le typhon qui nous avait laissés à Guangzhou s'est porté un peu plus haut, sur les confins du Guangdong et du Fujian. Bingbing conduit avec précaution, se gardant non pas tant des camions, dont les chauffeurs se rabattent avec courtoisie, que des chauffeurs d'autocar qui ont une légère tendance à l'intrépidité.

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La pluie tombe en épais rideaux, le ciel est totalement plombé, et il n'est pas plus de 16 heures. Peu après la frontière du Fujian, nous voyons apparaître à l'horizon un mystérieux travailleur sculptural armé d'un pic. Nous traversons une région de carrières de pierre. Au pied de cette statue est établie une autre aire d'autoroute, où nous nous restaurerons de saucisses grillées, de gâteaux de riz gluant au thé vert et de bubble tea glacé au jasmin. En Chine, il est toujours l'heure de manger.

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Un paquet de cigarettes vide sur le granit trempé m'inspire une photo mélancolique.

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Et je lève les yeux pour m'apercevoir que le bâtiment des toilettes ressemble beaucoup au temple du Ciel à Beijing. Une autre forme de cité interdite. Nous repartons pour braver les éléments. Nous avons déjà roulé huit heures, mais nous ne sommes qu'aux deux tiers du chemin.
(À suivre.)

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Commentaires
M
Ah maintenant on te reconnaitra si on te croise dans la rue à ton retour ! <br /> Je suis ce voyage avec beaucoup de plaisir à chaque épisode... merci pour ce beau reportage.
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