Montjoi Saint-Denis !
Excusez le jeu de mots très vaseux*
(mais très snob puisque réservé aux foodies chevronnés), mais je sors
un instant de ma rumination tristounette pour me remémorer un événement
fondamental qui aura lieu dimanche prochain.
Je redescendrai à
Montpellier samedi, cette fois non pour du travail mais pour une
réunion d'amitié, et dimanche sera le jour de notre pèlerinage annuel à
Roses, au restaurant El Bulli.
Je sais que les avis divergent, qu'on
a dit et écrit sur Ferran Adrià et son restaurant les choses les plus
diverses et parfois les plus stupides, mais cette occasion est une
grande joie, Adrià est un artiste, un magicien, une de mes stars
indétrônées, je le tiens pour un génie absolu et, bref, je suis
contente. J'ai gardé des souvenirs fabuleux des deux repas que j'ai
faits chez lui. Béni soit son nom, c'est un cuisinier comme il n'y en a
qu'un par siècle et peut-être même par deux siècles.
Bien que
légèrement déprimée, je sais que j'ai réussi à en faire baver
quelques-uns. Non, je ne me venge pas sur le monde, loin de moi cette
intention. Mais à la fin de cette semaine, je soumettrai notre cher
Ferran au test suprême : je suppose qu'aucun chagrin amoureux (en
l'occurrence momentané, il est vrai) ne pourrait décemment résister à
un dîner-dégustation chez El Bulli. Eh bien, nous allons voir ça.
Ferran, tu sais ce qu'il te reste à faire, tiens-toi prêt.
Ferran Adrià a des yeux de braise et un air de carotte.
* Vaseux, peut-être, mais tout de même : le premier journaliste que je prends à me piquer cette formule, c'est garanti, je le colle au mur avec un coup de boule pour compléter le paquet cadeau. Je vous ai à l'œil. À bon entendeur, salut.