Hier 12 décembre à Canton
Ce 12 décembre est un beau jour ensoleillé, un peu frisquet. Je fais remarquer à Jing et Seb que la qualité de l'air paraît s'être bien améliorée depuis l'année dernière. Je ne me trompe pas. Le smog se fait moins épais, les ciels sont plus limpides, on ne regarde plus le monde à travers un voile, et ça sent meilleur partout, ou presque. C'est beau, c'est bon, la Chine, quand on y respire.
Hier nous avons déjeuné à notre restaurant préféré de Jiang Nan Xi, spécialisé dans la cuisine de Dongguan. Le grand must, c'est l'oie rôtie. Disons carrément le sommet everestien de l'oie rôtie, que Jing et Seb prennent en soupe de nouilles et moi avec du riz et du bok choy. Maintenant que l'endroit est tout beau tout rénové (et vu l'état de l'endroit avant travaux, ce n'est pas peu dire), je vous donne l'adresse. Le restaurant s'appelle Yong Long Shi Jia, et je lui ai déjà consacré un post de blog. Métro : Jiang Nan Xi. Maintenant débrouillez-vous.
Un petit thé après ça ? Oui ! La maison de thé du maître de Jing et Seb est toute proche, et une visite est toujours appréciée. Quelques heures à converser, boire un ou deux thés, admirer les théières. Seb a justement apporté un petit tuo cha de Xiaguan Tea Factory, millésimé 1996 si je me rappelle bien (à vérifier quand Seb et Jing se réveilleront).
Bon à boire, subtil, rafraîchissant, encore un tantinet astringent si l'infusion est concentrée. J'achète deux théières (de plus) et deux jolies boîtes d'oolong shui xian.
Tout en buvant, nous ne pouvons pas nous empêcher de percevoir une musique retentissante à proximité. Flonflons et chants emphatiques — je finis par me lever au cas où il y aurait quelque chose à photographier. La configuration de la rue et de la maison de thé ne nous permettent pas de savoir d'où vient le son. Il faut sortir pour comprendre que ça vient de la droite, donc de la grande esplanade où l'on promène les chiens et où les mômes font du patin à roulettes. Mais cette fois, c'est une solennelle commémoration chantée, avec danseuses à l'éventail, choristes en satin bleu ciel et même un uniforme.
Et pour couronner cette sortie mémorable, nous faisons un petit saut au marché sur le chemin du retour. "Qu'est-ce qui pue comme ça ?" (On croirait des charognes en décomposition avancée en plein milieu du marché.) "Oh ça, dit Jing, c'est le stinky tofu !" (le tofu fermenté). "Quoi, ça pue autant que ça !" J'ai enfin identifié la chose la plus puante du monde. Mais je passe vite à autre chose car, d'un regard sur un étal de légumes, j'ai retrouvé my precious. Le végétal mystérieux que je cherche depuis plusieurs années, digne d'un épisode du Concombre masqué. Il s'appelle zha cai, une espèce de chou martien bizarre et globuleux, tout en nœuds et en boutons. Depuis le jour où Jing m'en a préparé, je rêve d'en remanger. Ce sera pour demain. Accessoirement, ce zha cai est le légume que l'on trouve mariné en poche de plastique sous le nom de pickled mustard. Il est seulement assez rare de le trouver frais. C'est divinement bon. Un chœur de rue, un bon thé pu-er, de l'oie rôtie et même du zha cai : j'ai pas perdu ma journée.