Ma nuit chez Spring
En lisant le post précédent, vous vous êtes peut-être demandé :
"Mais qu'est-ce qu'elle fichait cette nuit-là rue de La Tour-d'Auvergne
?" On doit bien se douter que je n'étais pas sortie juste pour regarder
forniquer des phoques. C'est simple, je sortais du restaurant Spring, dont j'ai déjà dit beaucoup de bien sur ce blog. Le restaurant avait été, ce soir-là, "privatisé" par notre ami John (of e-Gullet
fame).
"Privatisation"
est un mot à consonance sinistre, qui m'a toujours incommodée même dans
le contexte anodin de la restauration, à cause des associations d'idées
qu'il suscite. Mais quand une privatisation se passe dans un tel
restaurant, et en telle compagnie, tout va bien. Nous étions une petite
vingtaine d'amis très heureux et la soirée
fut très réussie. Deux rangées de tables avaient été alignées
dans la petite salle, et, selon une chorégraphie particulière à John
(qui m'apprit plus tard que c'était une tradition américaine), nous
avons "switché" au milieu de repas, entre l'entrée et le plat. Le
switching consiste à modifier le plan de table en faisant se lever les
messieurs ; les dames restent à leur place d'origine. Une troisième
phase de switching, encouragée par quelques verres de fronton et de
quincy
derrière la cravate, a consisté à s'asseoir un peu n'importe où en
fonction de l'inspiration du moment.
Comme Daniel était seul en
cuisine ce soir-là, et la configuration ouverte du lieu aidant, un peu
tout le monde a mis la main à la pâte, les uns coupant le pain, les
autres le présentant, certains prenant part aux gestes culinaires. Et
si nous avons perdu une convive, nous avons gagné une serveuse.
Daniel, en pleine mise en place, dispose des bouquets de pousses de pourpier.
Un petit marmiton improvisé, mais pas manchot du tout, tourne la purée avec application.
Phyllis, notre serveuse d'un soir, toute grâce et professionnalisme. Le marmiton est toujours au poste.
Steven, très digne, se charge du pain. Près de lui, un côtes-catalanes 100 % vieilles vignes de maccabeu tout fier d'être sur la photo.
Crème de courge (ou s'agissait-il de potimarron ?). Le voile rouge est de la poudre de betterave.
Saint-jacques sautées aux radis et à la pomme verte.
Pigeon, purée de chou-fleur aux amandes.
Le dessert était
tellement bon que j'ai oublié de le photographier. C'était une poire
pochée aux épices, crème anglaise, safran et amandes caramélisées.
Clotilde, John, Sébastien. Je ne me rappelle pas ce qu'ils étaient en train de regarder, mais ça devait être épatant.
Conversation entre foodies.