Semaine de photos à Montpellier
Si j’ai catalogué cet épisode dans la catégorie « En voyage », c’est parce que le voyage continue. Je parle bien du reportage photoculinaire qui nous a menés, mon photographe préféré et moi, en Asie pendant cinq semaines à partir du 19 avril. Sur place, nous avons photographié quarante plats, dix dans chaque restaurant qui a été notre port d’attache. En France, il restait trente plats à photographier. Nous y avons consacré la semaine passée.
Donc, au revoir Paris, bonjour Montpellier et un Jardin que je connais bien.
Il est agréable de renouer avec un rythme et des méthodes de travail que nous avions connues là-bas ; par la même occasion, nous avons retrouvé des obstacles et des difficultés familiers. Mais il faut garder le but devant les yeux ; quand le projet sera terminé, on ne se souviendra même plus de ces désaccords.
Le chef examine un début de mise en place avant photo. Que peut-on apporter à cet arrangement ?
De
mon côté, j’ai eu la satisfaction de trouver à peu près intactes les
céramiques et les divers objets que j’avais envoyés du Japon
directement ici où ils m’attendaient. Inventaire de la casse : un bol et un
porte-baguettes en grès. Tous deux rafistolés avec de la Super-Glue. Il
faudra un peu de vernis à ongles pour le bol. Mais les autres petits
trucs chinés amoureusement à Asakusa en avril dernier se portent comme
des charmes.
Une coupelle à sauce.
Vue d’ensemble du butin. Au premier plan, quelques maneki-neko en porcelaine. Notez, sur la gauche, deux porte-baguettes en grès, dont un en forme de gobie (un troisième était alors en attente de recollage). J’avoue que je n’ai jamais eu l’intention de les faire figurer sur les photos, ils m’ont juste fait craquer.
Ils n’ont d’ailleurs pas été les seuls. Qui aurait résisté à ces grenouilles de moins de 2 cm de hauteur ? Certainement pas vous.
Encore enroulées dans une feuille de journal shanghaïen, quelques boules de thé renfermant chacune une fleur différente.
C’est toujours fantastique de voir ces boules d'herbes sèches, qui ne paient pas de mine, à leur plein développement. Ce que vous voyez ci-dessus est précisément ce que vous voyez deux photos plus haut, mais après infusion et plusieurs changements d’eau. Il faut changer l’eau tous les jours et, comme les Chinois, exposer les fleurs dans leur verre à pied derrière une fenêtre. Elles tiennent une dizaine de jours. C’est délicat à entretenir : les feuilles et les pétales ont tendance à se détacher à chaque nouveau bain.
Photographe et assistant en pleine action.
La séance de photos quotidienne terminée, le photographe s’en retourne vers son berceau sétois. Nous profitons, quant à nous, des délices du lieu.
J’adore ces croquettes de pied de porc. Je regrette juste que ce ne soient que des amuse-bouche. J’en ferais bien un service.
Un détail de mon entrée. Un excellent carpaccio de ventrèche de thon, délicatement assaisonné. Un goût que je reconnais, une salade de capellini qui me rappelle furieusement quelque chose : ce mélange de soja, de jus de viande et de citron vert… Quand on m’apprend que le chef a passé cinq années au Raffles, tout s’explique. Le goût de Singapour est bien là.
Je vous ai déjà montré des éléments d’antistylisme. Ici, il s’agit de post-stylisme. J’appelle ainsi ce que l’on voit une fois que le photographe et la styliste ont bâfré le contenu des assiettes photographiées (« Ça y est ? Tu l’as shootée ? On peut y aller ? »). Vous pouvez voir ici que le départ de trois dés de mangue n’a laissé que des traces de caramel.
Oh, pourtant, ce n’est pas qu’on nous laisse mourir de faim.
Brochettes de homard prêtes pour le shoot.
Chef pâtissier (Benoît Rodriguez, retenez ce nom, il ira loin) et photographe examinant
une prise de vue.
Benoît découpe une pastèque pour composer un plat qui tient à la fois de l’entrée et du dessert.
J’adore la pastèque.
Je fais frire quelques papad pour égayer les séances photos. Quelques-uns finiront superposés
en pagode sur un coin d’assiette.
Un peu d’eau peut arranger bien des choses, côté couleur.
Retour momentané de l’antistylisme (crème passion-wasabi, plaque de nougatine au sésame). Nous terminerons sur cette note coassante.