Jour J —2
Faut que je me calme. Mardi en milieu de journée, je pars pour
Tokyo. L'itinéraire de ce parcours ressemble à une histoire de fous ;
pour des raisons indépendantes de ma volonté mais que je n'exposerai
pas ici, le deal conclu avec la compagnie aérienne nous oblige à passer
par Hong Kong pour pratiquement chaque trajet. Nous allons donc faire
Paris - Hong Kong - Tokyo, puis Tokyo - Hong Kong - Bangkok. J'ai
choisi de rester à Bangkok pendant la semaine de creux entre deux
reportages plutôt que de me farcir plusieurs jours de jetlag à Paris
avant de repartir pratiquement d'où je suis venue, à savoir Singapour.
Donc Bangkok - Singapour vers le 11 mai, Puis Singapour - Hong Kong -
Shanghai et enfin Shanghai - Hong Kong - Paris. Vous allez dire qu'il y
a pire comme torture (oui je sais) mais ce sera une forme de torture
tout de même, pour moi qui ne prise guère l'avion. Les mauvais côtés de
l'affaire étant définis, un ami expatrié à Nagoya m'explique que le
duty free de Hong Kong est très cool pour les gadgets électroniques et que les cantines des avions font open bar. Par ailleurs il
précise que les pilotes de cette compagnie ont la main douce et
pratiquent les atterrissages et les décollages avec délicatesse. Ce qui
n'est pas un luxe dans une région (la mer de Chine) où les vents de
beau temps commencent à se lever avec leur cortège de trous d'air. "Pas
de casse matérielle, écrit-il, mais la viande dans la conserve est un
peu secouée. C'est pas plus mal de rester sanglé après Hong Kong."
Maman !
Dans le tumulte de mon âme, j'ai acheté deux fois le guide Lonely Planet Best of Singapore,
ayant oublié que je l'avais déjà. Il est grand temps que je décolle.
Quand je suis à la veille d'un grand voyage, les deux ou trois jours
qui précèdent le départ sont un enfer moral. Que voulez-vous, j'adore
voyager mais je déteste partir.