Bordeaux, parce que.
Parce que j'y suis pour travailler mais tout de même en vacances, fût-ce pour trois jours, parce que pour moi, les vacances, c'est être en présence de beauté. Parce que c'est la plus belle ville de France et que je manque me casser la figure à chaque pas à force de contempler partout la splendeur architecturale. Risque de torticolis à ne pas négliger non plus. Je n'y peux rien, je ne peux jamais me trouver devant le plan d'eau de la place de la Bourse sans émotion : le ciel reflété dans la pellicule d'eau, l'atmosphère de détente et de joie, les pieds heureux qui glissent sur tout ça. C'est bête, c'est juste quelques millimètres d'eau sur des dalles, mais c'est poétiquement immense. Bordeaux est une ville qui vous en met plein la vue en ayant l'air de penser à autre chose, lève le nez de ses dossiers et vous fixe sérieusement à travers ses lunettes : eh bien oui, je suis belle, et alors ?
Elle trouve tout à fait normal de posséder cet ensemble unique d'architecture du XVIIIe siècle, l'ornementation lapidaire la plus délicate va de soi, et du palais Louis XV à la petite maison de vigneron toute blanche et toute simple en passant par la chartreuse médocaine dans les vignes, l'élégance est une chose qui ne se commente pas. Oui, la lumière, la couleur de la pierre, la rencontre inopinée de grandioses bâtisses gothiques dans les hautes rues étroites vous étonnent ? Vraiment, vous n'avez rien de plus original à me dire ?
Les ciels bordelais ? Oui, bien sûr. Mais vous savez, on a ça toute l'année.
Quatre portes et quelques fenêtres dans la seule rue des Allamandiers, dans le quartier Saint-Michel. Seuls quelques pas les séparent les unes des autres.
Et au bout de cette belle rue, une soupe berbère parfaite (3 €), épicée, acidulée, parfumée, à la terrasse du Dadès, place du Maucaillou.
(Merci à Serge Kruger pour l'info, et pour quelques autres sur la ville.)