Ce post est rouge
C'est juré, je ne l'ai pas fait exprès. Arriver en Chine du Sud pile poil pour le soixantième anniversaire de la République populaire, et de surcroît au moment précis de la fête de la Lune d'automne, est une chose qui ne se prémédite pas. On est toute à ses préparatifs de voyage, occupée à boucler ce qui doit être bouclé, on cède un peu à l'angoisse des grands départs, et puis douze heures d'avion, atterrissage et débarquement en pleine fête. Pas n'importe laquelle : une double fête. Celle, historique, de la Révolution, et celle, traditionnelle, des gâteaux de lune.
J'ai donc trouvé Guangzhou toute drapée dans ses pavillons rouges étoilés d'or, faisant flotter ses fanions vermillon et danser ses lampions à tous les vents caniculaires. J'ai tant fait, tant marché, tant sué et tant goûté depuis mon arrivée que je ne sais comment ordonner ce tourbillon. Autant faire simple. Si je cherche à résumer ces quelques jours, ce sera par une couleur. J'ai compris à quel point le rouge est, en Chine, l'ossature de la vie. Voilà pourquoi ce post est rouge.
Le soir même de mon arrivée crépite un peu partout en Chine le feu d'artifice du siècle. À dominante rouge, bien entendu. Je goûte l'émotion de contempler un feu d'artifice dans le pays qui l'a inventé. Le toit du très haut immeuble nous offre un point de vue exceptionnel. Dire que je n'en ai jamais vu de si beau relève de l'évidence.
Le rouge est mis. Tard dans la nuit, il flamboie sur les grils des cuisiniers de rue, près des marchés.
Il habille les bonbons posés sur les tables nappées de rouge des banquets de mariage et donne bonne mine aux crevettes cuites à la vapeur.
Et il se manifeste partout dans les temples, parfois relevé par un lotus bleu ou la flamme jaune d'un bouquet d'encens.