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chez ptipois
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18 mai 2007

Before la coqueluche

Désolée d'avoir déserté ce blog pendant presque un mois ; une mystérieuse maladie s'est abattue sur moi le soir même du premier tour de l'élection présidentielle. Et depuis, je traverse une période très pénible, avec des nuits sans sommeil. Elle n'a pas été diagnostiquée dès le début, d'où une évolution difficile.
Avant cela, je menais une vie normale. Je sortais dans Paris sans fatigue, sans quintes de toux, sans afflux de chaleur au visage. Je me baladais par exemple à Château-Rouge, où je photographiais des piments habaneros, qui sont une des choses que j'aime le plus au monde.

habaneros1

Il y en avait justement quelques sachets suspendus sur un très beau mur.

habaneros3


habanero2

Et même un petit qui s'était échappé. En ce temps-là, si proche, et qui me paraît maintenant si lointain, les habaneros venus d'ailleurs couraient librement sur les trottoirs de Paris.

On n'avait pas encore reçu le coup de massue sur la tête, ce coup de massue qui laisse hébétée, impuissante et déprimée la moitié de la France ; et moi, je ne savais pas encore que j'avais la coqueluche. Je croyais juste que c'était un gros rhume, un gros vilain rhume poilu.
Mais comme justement ça faisait mine de devenir vilain, un soir, n'y tenant plus, je me suis rendue aux urgences ORL à Lariboisière. C'était la veille du 1er mai ; si le lendemain n'avait pas été férié, j'aurais attendu de voir mon médecin traitant. Voulant en finir vite et éviter une surinfection, je n'ai pas hésité.
J'ai attendu de minuit à 4 heures du matin, toussant et flageolant. Une dame âgée, accompagnée de son ami et de sa fille, attendait depuis 19 heures. Une jeune Sri-Lankaise toussait, comme moi, de manière très sonore, en chant de coq, avec des reprises respiratoires difficiles. Je ne pensais pas encore à la coqueluche.
Au bout d'un certain temps, l'attente n'a plus d'importance. Le temps s'arrête. On se fiche d'avoir attendu trois heures, et si l'on doit attendre jusqu'au jour, on attendra. Tout plutôt que de sortir autour de la gare du Nord aux petites heures du matin. Il y a deux personnes âgées affligées de saignements de nez sévères. Il faut les mécher, les panser ; les pauvres, sans doute une suite des fortes chaleurs que nous avons eues ces jours derniers.
C'est peu avant 4 heures que je pénètre enfin dans le bureau de l'interne en ORL. Une frêle jeune fille peu aimable qui me questionne à peine, m'examine très peu, n'écoute pas mes poumons (je lui dis pourtant que je tousse depuis une semaine sans pouvoir dormir la nuit), mais qui en revanche prend un plaisir sadique à m'abaisser la langue de toutes ses forces avec sa plaquette de bois. Deux fois elle me fait étouffer ; à chaque fois elle a un petit sourire au coin du bec. Elle me dit "c'est viral" et me fait illico une superbe ordonnance de sérum physiologique pour me laver le nez. De toute évidence, elle se fout de ma gueule.
"Vous croyez que je suis venue ici et que j'ai attendu quatre heures en pleine nuit pour me faire prescrire du sérum phy ?
— Si je vous donne des antibiotiques, vous allez développer une résistance aux germes.
— Ne pas dormir pendant plusieurs nuits à cause d'une toux, ça ne vous dit rien ?"
Elle ne m'écoute même pas. De toute évidence je l'embête beaucoup. Je la prie de me donner une ordonnance digne de ce nom ; elle finit par griffonner quelque chose à base d'amoxicilline au bas de son ordonnance et me congédie — pas franchement d'un coup de pied dans le cul, mais le cœur y est.
Eh bien, greluche de garde, j'ai le plaisir de t'annoncer que tu as fait une belle erreur de diagnostic. Il y a une coqueluche qui traîne depuis quelque temps, et le nouveau mode de transmission de cette maladie très désagréable — et potentiellement dangereuse pour les très jeunes — se fait par les adultes, vers les jeunes enfants non vaccinés. C'est dire qu'il ne faut pas rigoler avec ça. Et toi, si tu m'avais examinée correctement au lieu de faire ta pétasse, j'aurais eu — au lieu de cette ordonnance pour rhume banal arrachée à grand-peine — un traitement d'érythromycine qui aurait, sans enrayer la maladie, au moins écourté la période de contagion.

affiche1

Nous sommes le 18 mai et je tousse encore. Je pense toutefois être entrée depuis quelques jours en période de convalescence. Jusqu'à la nuit dernière, je redoutais la position couchée. Je ne m'endormais pas avant 4 ou 5 heures du matin. Je ne me réveillais pas avant midi. Cela me niquait totalement mes journées. Cette nuit j'ai tout de même pu dormir à 3 heures, m'éveiller à 11 heures. Il y a un net progrès. On va donc, cahin-caha, recommencer à vivre. Et pour quel avenir ?
Cet entre-deux-tours a été celui de la crainte, des faux espoirs, de la préparation au découragement. Et maintenant, après le coup de merlin, c'est la torpeur. Nous sommes tellement sonnés que plus personne ne moufte. Les seules voix qu'on entend sont celles des imbéciles arrogants qui ne perdent pas une occasion de rappeler qu'ils ont le triomphe modeste, d'une presse ahurissante de collaborationnisme courtisan (je propose qu'on rebaptise Le MondeLa Pravda, en voilà un bon titre !), d'une moitié de la France qui s'apprête à saigner l'autre, de toute une culture plurimillénaire qui, pour une des rares fois de son histoire, opte pour la négation d'elle-même. Plus rien ne sera jamais comme avant.

omo

Mais ne cédons pas au cafard. Bientôt, quand j'irai mieux, nous retournerons à Love Apple Farm. C'est promis. Il reste des légumes à récolter.

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Commentaires
C
Bonjour,<br /> <br /> J'ai contracté la maladie à 1 mois de mon accouchement par ma belle fille qui vient nous voir pendant les vacances et les we.<br /> <br /> Après 3 consultations médicales en moins de 15 jours et des traitements non concluants j'ai demandé à mon généraliste un dépistage qui s'est revelé positif une petite semaine apres le prelevement et un traitement préventif en cas d'accouchement prématuré et en attendant les resultats du labo.<br /> <br /> <br /> <br /> Normalement je ne suis plus contagieuse mais l'idée de bientôt tousser en présence de mon bébé m'effraie terriblement.<br /> <br /> Mon médecin a aussi accepté de mettre mon mari qui n'a aucun symptôme sous antiobio, comme cela est recommandé sur des sites du type "wikipédia" en cas de contact avec un nourisson.<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense que mon medecin de campagne a réagit comme il fallait même si il n'était vraiment pas convaincu que ca puisse être cela<br /> <br /> lorsque que je lui ai confié mes inquiètudes.<br /> <br /> D'ailleurs ma kiné, un autre généraliste et mon acupuncteur m'ont tous dit que je devrais faire le chant du coq en toussant et que comme ce n'était pas le cas, je devais juste avoir une toux atypique.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai informé tout mon entourage de ma maladie (la famille et les amis proches que ma belle fille et moi avons cotoyé) et certain toussent.<br /> <br /> Après les avoir fortement incité a consulter en expliquant avoir été en contact avec un personne contagieuse pour que le diagnostique soit posé rapidement, ils m'ont tous rappelé en me disant "non c'est pas ca, juste un état grippal qui va passer très vite"<br /> <br /> Résultat, je suis la seule avec mon mari dans la famille et les amis à avoir un traitement.<br /> <br /> Je leur explique que les medecins se trompent mais personne ne veut m'entendre, je suis terriblement choquée par cette légèreté collective.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai tellement peur que nous avons décidé avec mon mari que personne ne viendrait nous voir à la maternité.<br /> <br /> Mais après?? <br /> <br /> Ma belle fille qui ne prend qu'un traitement homéopathique sera t-elle encore contagieuse quand elle viendra en vacances dans 3 semaines et que le bébé n'aura que quelques jours? Mon mari prend les antibiotiques sans avoir de toux, juste en prévention mais sera t-il protégé quand il verra des gens potentiellement malades de notre entourage après la fin de son traitement??<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis très inquiète et je sens que mon entourage me trouve beaucoup trop alarmiste et qu'il ne saisie pas bien à quel point cela peut être dangereux pour notre bébé grace aux mots rassurants de leurs supers médecins.<br /> <br /> Je commence a envisager la possibilité de ne pas présenter notre enfant à son retour à la maison et d'imposé le port du masque par la suite...mais le masque est il une protection suffisante?....ils ne vont pas du tout aimer ca....<br /> <br /> Prompt rétablissement à tous.
N
Et en vous lisan je me rend compte de l'importance de cette terrible maladie dont je suis porteur depuis plus d'un an ( car diagnostiquer il ya a peine 15 jours !!! )jai pris rendez vous avec un aeroclub pour faire un vol coqueluche qui consiste a monter le plus vite possible a une altitude de 3500 metre y rester 50 min puis dessendre aussi vite quon et monter et respecter un palier de 1500 metre pendant 5 min ... Je mets tout mais espoire sur ce vol car je ne vie plus depuis trop lontemps maintenant bref courage a tout ce qui vive cette maladie qui peut gacher une vie !! Jen sortirer surement bien plus grand ! <br /> <br /> <br /> <br /> Nicolas 27 ans .
W
Bonjour !<br /> merci à ptipois pour ce blog, la solitude et l'angoisse dues à cette maladie sont pesantes et ça fait du bien d'en parler.<br /> <br /> Moi c'est ma fille de 8 ans qui me l'a transmise fin juin - je précise que nous sommes tous les deux vaccinés !<br /> <br /> Comme pour la majorité des témoignages lus, mon médecin n'a pas voulu croire à mon histoire, et pourtant les symptômes étaient bien là. Mi juillet le cauchemar, comme vous tous, avec en cadeau un petit vomi à la fin de chaque quinte, sympa. Des nuits à genoux dans le jardin à me faire des apnées inspiratoires.<br /> <br /> 3 semaines de cortisone et de (mauvais) antibiotique, le masque à compresseur, pour un traitement contre "les allergies".<br /> <br /> Et puis finalement mon médecin a accepté la radio et la prise de sang, verdict "coqueluche atypique - vous avez battu tous les records de sérologie - de toute ma carrière je n'ai jamais vu un tel taux". Tu m'étonnes, avec un traceur à 115 au lieu de 60...<br /> <br /> Presque 4 mois après, ce n'est pas la grande forme, grosse fatigue permanente, coups de barre monstrueux, quintes de toux régulière, encore. Sans parler d'un état proche d'une profonde dépression nerveuse, due certainement à ma frustration de ne plus pouvoir rien faire. Moi qui suis responsable d'entreprise un poil hyperactif et sportif. J'aurais peut-être du me faire arrêter (zéro jour d'arrêt). Je comprends ce que j'ai lu que certains cas de coqueluche ont poussé les malades au suicide... il n'y a pas assez d'infos et de prévention sur cet état de torpeur mélancolique que je ne suis pas leseul à avoir connu. Comme toi Jandediesel, j'en sors plus fort et surtout bien recadré sur mes priorités dans la vie.<br /> <br /> Bon, pour positiver, un truc malin (ça a peut-être déjà été dit plus haut ?) : lors de la phase d'asphyxie en bout de course de la quinte, levez les bras en l'air, ça dégage le thorax et fait rentrer l'air (plus) facilement.<br /> <br /> Bon courage à tous et toutes les atteint(e)s.
J
Bonjour tous<br /> <br /> J'ai 47 ans ; moi aussi, à Bordeaux, attrapé la coqueluche en janvier. Mon médecin de famille tout à fait compétent l'a trouvé en 15 jours, le temps de l'incubation ; petite cure d'antibio. Ça tue la bête, mais les dégâts sont faits. 3 mois de fatigue intense ; 3 autres à remonter la pente doucement. Cet été j'ai repris l'entrainement marathon et petit à petit j'ai retrouvé les bonnes sensations. Bon, au premier virus d'automne, je rechute ... C'est une vrai galère le Bordetella pertussis...<br /> <br /> Mais, ce n'est pas inutile. Le temps s’arrête; tout ce qui semble important ne l'est pas. Tout est construction. Personnellement, j'en sors + sage.<br /> <br /> JDD
A
Je suis allée consultée hier parce que je traîne une grippe depuis plus de 20 jours. La toux est persistante et la fièvre aussi. Le médecin m'a parlé de coqueluche et a fait faire des prélèvements (nez et gorge). J'aurai les résultats dans la semaine. C'est en cherchant des informations sur la coqueluche chez les adultes (j'ai 55 ans) que je suis tombée sur ce site. Dans tous les commentaires, je retrouve plusieurs informations qui pourraient expliquer ce que j'ai. Christian mentionne la coqueluche des Français (21 mai 2007), et bien la belle est en visite chez les cousins Québécois. À bientôt.
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