Kirakutei
On en avait déjà parlé sur notre forum culinaire Yappff. L'info venait d'une source amicale respectée. Et vendredi soir, enfin, je suis allée y retrouver une chère connaissance et j'ai pu constater de visu et de gusto la justesse des propos de notre yappffienne.
Kirakutei, 38, rue Pernety, Paris XIVe. Tél. : 01 45 42 33 15.
Authentiquement japonais (bon, je suppose qu'on ne vous la fait pas
et que vous savez reconnaître au premier coup d'œil les restaurants
japonais japonais et ceux tenus par des natifs d'Asie du Sud-Est), ce
petit restaurant d'une vingtaine de couverts (dont cinq ou six au bar)
est tenu par un chef non seulement expert en découpage de poissons, de
roulage de maki et de façonnage de nigiri, mais également artiste (sur
le thème du sushi, il se livre à des créations savoureuses et
azimutées, superbement présentées) et photographe (ses sushi figurent
en portrait sur les murs).
Si l'on ajoute le décor clean, brillant
et élégant de la petite salle (bon point : la collection de bouteilles
de sake sur étagères ; moins bon point : le grand écran plasma
distillant du MTV avec déhanchements de pouffes en boucle), la beauté
des couverts et des récipients, voilà pour le de visu.
Le de gusto maintenant : le chef est également généreux. Longues assiettées de rouleaux dodus, de nigiri bien poissonneux, salades costaudes, chirashi replets et colorés : on n'est certes pas dans un de ces restos japonais où l'on a encore faim en sortant. On est bien calé, mais pas trop ; le pourquoi de la chose ? Les sushi sont réalisés — et cela vaut d'être rapporté — dans la réelle tradition japonaise, c'est-à-dire peu de riz et beaucoup de poisson. Les restaurants japonais établis en France suivent la proportion inverse : des camionnées de riz et des lichettes de poisson. De telle sorte qu'ici, les goûts, les textures et les dosages sont parfaitement équilibrés. En plus, le riz est tiède, comme il se doit, donc vous avez là un des restaurants de sushi parisiens les plus fidèles à la manière nippone.
Nous avons commencé avec cette salade de thon, de saumon, de seiche et de crevette au sésame, abondamment nappée d'une vinaigrette émulsionnée légèrement sucrée. Comme vous pouvez le voir, le service est généreux et la fraîcheur éclatante.
Puis ces makis au thon et au saumon coiffés de tranches d'avocat. Aussi délicieux que beaux. Je note que le chef sait tirer parti de l'avocat, qui adoucit et donne de l'onctuosité. C'est joli ? Chaque plat qu'on nous a servi est une merveille d'esthétique.
Par exemple, ce bol de chirashi bien garni.
Autres rouleaux : avocat, anguille, et fromage si je me souviens bien (et oui, c'est très bon).
Nous
terminons par des glaces. Beaucoup de parfums zarbis, malheureusement
on n'a pas le droit de panacher. J'aurais donc bien aimé essayer saké
et gingembre, mais je me suis repliée sur le thé vert (pas mal, crémeux
avec la petite amertume d'herbe bien caractéristique, mais pas aussi
goûtu qu'à Isami). Ma compagne a pris (arrière-plan) une glace au
wasabi. Goût très délicat, un peu trop même, le wasabi n'est qu'un
soupçon de parfum évanescent sans une trace de piquant.
Nous avons bu un saké remarquable. La carte des sakés est d'ailleurs un vrai bonheur.
Conseillé par Ptipois, le Kirakutei ? Un peu mon neveu.