Bonnes fréquentations
Mon ami Edmonzzz, celui des points de vue et images d'Edmond,
a de bonnes fréquentations. Peu de liens sur son site mais rien que de
la qualité (il y en a un vers Chez Ptipois, évidemment). Grâce à lui je
viens de découvrir le blog d'aboli bibelot, et je me régale. Il y a en particulier un hommage au site Consanguin, lequel est une visite guidée — un poil verbeuse et indulgente, mais instructive — du
petit zoo fachoïde de la blogosphère (les "hautetfronts", comme dit AB). Tout le blog est un régal, mais la description du Stalker ("qui
écrit comme le maire de Champignac fondu au ratafia") ne peut que
déclencher une saine hilarité. Merci Edmonzzz !
Autres bonnes fréquentations : ceux qui fréquentent ce blog.
Aujourd'hui, le moral se relève, et les commentaires laissés hier par Mercotte
et Fabienne n'y sont pas pour rien. Encore merci.
Sinon, résumé des événements marquants de la journée.
1. Ça y est, j'ai rempilé pour un autre bouquin (à suivre).
2. Je signale aux innombrables foodies qui me lisent que j'ai trouvé un remarquable blue stilton
au Monoprix Beaugrenelle ce matin. vendu en grandes tranches rondes que
l'on peut débiter en quartiers, ce qui laisse à ce fromage divin son
fondant remarquable. Il est délicieux, sur un petit jerez, un porto
bien élevé ou, mieux, un madère. Qu'on se le dise, il y a du stilton
près du front de Seine.
3. Demain, à la même heure, mais à deux
endroits différents, auront lieu les lancements respectifs du dernier
livre de Cyril Lignac (auquel j'ai beaucoup participé) et de mon
dernier livre à moi. Évidemment, ne pouvant me diviser en deux, je ne
pourrai que traverser brièvement le premier événement afin de me rendre
sans retard au second. Cette coïncidence me fait réfléchir. À quoi ? À
rien, finalement. Juste au fait que les services de presse choisissent
parfois des dates qui ne nous arrangent pas.
4. Sortant du Monoprix
Beaugrenelle déjà chargée de victuailles, je piétine jusqu'à la rue des
Entrepreneurs, où se trouvent quelques épiceries iraniennes. J'ai
l'intention d'acheter des raisins secs allongés — doux, parfumés,
miellés, les meilleurs raisins du monde — et du riz basmati de qualité
iranienne, c'est-à-dire exceptionnelle. J'annonce tout de suite la
couleur au commerçant : "Je suis venue chercher plusieurs choses, alors
je visite et je vous demanderai après." Je ne suis pas déçue : sacs de
riz aux longs grains d'albâtre, fruits secs parfumés, petits gâteaux
aguicheurs, épices, miels, confitures... Je reconnais de délicieux
petits gâteaux à la farine de riz, mais je suis trop chargée pour les
emporter cette fois. Mon regard tombe sur quelque chose de cristallin
et de doré, et je découvre du sucre candi aux filaments de safran. Je
suis émerveillée, je dis tout haut : "C'est magnifique !"
— Il y a,
me répond le commerçant, tant de choses magnifiques dans notre culture.
Quel dommage qu'on nous ait imposé le régime des mollahs. Pour des
raisons économiques, bien entendu.
— Il n'y a guère d'autres raisons pour imposer des régimes, lui dis-je.
—
Oui, il y a la population du monde, et il y a ceux qui ont le pouvoir
et qui profitent. Quand vous aurez fini de nous compliquer la vie, vous
Occidentaux...
— Vous avez raison.
— Mais attendez",
corrige-t-il, croyant à tort m'avoir blessée. "Vous et moi, nous sommes
de la même population. Nous faisons partie de la population du monde.
Et vous comprenez ce que je veux dire. Et je vous aime comme
représentante de la population du monde !
— Moi aussi je vous aime",
lui dis-je en ramassant le sac de 5 kilos de basmati premier choix que
je m'apprête à emporter à la maison. Un riz dont je pense vous donner
des nouvelles sous peu.
Mais qu'est-ce que j'entends ? Vous vous en tapez, de mes dialogues d'amour réciproque avec des épiciers persans ? Vous me scandez des photos ! des photos ! et à manger ! à manger ! sur l'air des lampions ? Bon, d'accord. Elles ont été prises hier soir dans un restaurant chinois du boulevard de l'Hôpital, spécialisé dans la cuisine du Shandong, en compagnie de deux foodies assermentés. C'était bon.
Intestins de porc sautés aux épices et aux poivrons. Savoureux, fin, tendre, chaleureux, délicieux.
Nouilles froides (en réalité tièdes) à la pâte de sésame, à mouiller soi-même d'un consommé chaud. Derrière le grand bol, vous pouvez apercevoir des liserons d'eau sautés.
Je vous garde le plus spectaculaire pour la fin. Soupe aux rognons
de porc et au chou chinois. Magnifique plat, furieusement épicé (huile
de chili + poivre du Sichuan, utilisé en abondance dans la cuisine du
Shandong = ça dépote). L'huile de chili conserve tant la chaleur qu'il
est difficile de manger cette soupe. Quand on y arrive enfin, on se
demande quelle est précisément la chose qui vous arrache la gueule : la
température effective du bouillon, le chili bien rouge ou le poivre du
Sichuan ? Un plat pour hiver très froid, aucun microbe n'y résisterait
: cette soupe a de quoi ratiboiser n'importe quelle grippe, aviaire ou
non.
En bas, à gauche, deux raviolis de bœuf et de céleri vert à la
vapeur montrent leur petit nez. Derrière le bol, vous pouvez voir
quelques calmars frits (dans une pâte légère rappelant le tempura),
servis accompagnés d'une coupelle de poivre du Sichuan moulu mélangé à
du sel.
Sinon, à part ça, le dernier Donald Fagen, Morph the Cat, est très bien.