Dernières nouvelles des abysses

C'est mal de laisser un blog sans nouvelles de soi. Ça fait quelque temps que je me dis : "Quand ce chagrin d'amour s'atténuera, je pourrai recommencer à bloguer", mais c'est une mauvaise méthode. Et si faire preuve d'un peu de volontarisme était la bonne ? Ça n'en est pas facile pour autant. Jamais je n'ai été aussi flemmarde, tous mes appétits d'agir, de vivre et de travailler s'étant mis en grève pour le moment. Un livre que je devrais (si mes souvenirs sont bons) avoir écrit attend encore sa première ligne, et heureusement que mon éditeur ne lit pas celles-ci. Cet état ne me ressemble pas, mais je n'y peux rien. J'ai honte. Je n'ai pas peur d'afficher cette honte pourvu que ce blog vive un peu et prenne une ou deux inspirations. Je n'ai même pas le cœur à donner la recette de poulet que je vous avais promise par pur militantisme voici quelques semaines. Je vous propose un compromis : pour l'instant, faites-vous le burger de poulet de Cyril Lignac et on reprendra les choses sérieuses plus tard.

Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir des choses à raconter. Le reportage au Maroc a été un grand succès et j'ai des photos remarquables dans mes dossiers. Les projets se chevauchent et même se bousculent, mon nouveau bouquin sort ces temps-ci et son lancement aura lieu la semaine prochaine, oserai-je le dire, chez Alain Passard ; j'ai réalisé un reportage sur les oignons rosés de Roscoff (ci-dessus, photo vintage exposée à la maison des Johnnies et de l'Oignon rosé) et d'une manière générale, si l'on excepte l'aspect cœur, tout se présente bien.
Et ça gigote aussi côté technologie : Konica Minolta a pris la décision scandaleuse de cesser toute fabrication de matériel photo numérique et argentique. Or je ne jure que par les appareils et les optiques de cette marque, laquelle, à mon avis, a parfaitement intégré la technologie numérique et proposait, pour un prix très raisonnable, des appareils d'une qualité unique. Je pense que la modicité des prix a mené les consommateurs à sous-estimer cette marque, ou alors que la rentabilité s'est révélée insuffisante, non dans l'absolu mais dans le système de mesure ubuesque du capitalisme contemporain.
La plupart des posts de ce blog, jusqu'à la fin de l'automne 2005, ont été réalisés avec un compact Konica Revio (antérieur à la fusion avec Minolta), que j'utilise encore beaucoup. Un 5 M de pixels au capteur d'une sensibilité inégalée et à la vision nocturne féérique. Les photos de nuit que vous trouvez au hasard de ces posts (par exemple celles de la cour Carrée du Louvre, septembre) lui doivent tout.

Parfois (entre juin et septembre 2005) les photos ont été prises à l'aide d'un Sony Cybershot 7 MPX acheté et inauguré à Singapour, vous vous souvenez ? — sous les arcades du Raffles. Je l'aime bien et je le garde (il a beaucoup servi à Ostende), mais les images, quoique précises et piquées, n'ont pas le supplément d'âme de celles du Konica. Quant à prendre de bonnes photos de nuit sans flash, laissez tomber.

À partir de mon séjour à Bangkok de décembre-janvier, ce blog a été illustré au moyen d'un bridge KM Dimâge A200, que j'ai mis du temps à apprivoiser (j'ai compris notamment, à partir de mon reportage au Maroc, que l'usage du viseur était plus productif que celui de l'écran LCD). J'y retrouve réactivité, sensibilité du capteur, optique irréprochable et surtout saturation des couleurs, toutes qualités que j'apprécie dans cette marque.

C'est désormais mon appareil "pro", mais pour les photos de nuit et certaines image macro, si étonnant que cela puisse paraître, je préfère toujours le vieux petit Revio (la position macro du Dimâge est rien moins que transparente). La technologie "anti-shake" ne me paraît d'aucune utilité avec cet appareil mais je devrais peut-être apprendre à mieux maîtriser celui-ci. Un nouvel appareil photo, qu'il soit petit compact ou reflex haut de gamme, c'est un peu comme le corps d'un amoureux : il faut en apprendre, patiemment, à l'usage, petit à petit, les secrets inattendus, afin d'en extraire la poésie.

Peu de temps après que la nouvelle fut tombée, j'ai décidé, malgré des finances au ras des pâquerettes, de sauver les meubles. Furetant de Fnac en site de vente en ligne, je me suis aperçue que le petit Dimâge X1 était en train de disparaître des étals à vitesse grand V. Il fallait agir, et vite. Il n'a pas été facile de trouver un site où le X1 fût encore disponible. Finalement il en restait sur un site allemand et je n'ai pas hésité. Il était moins une. Je l'ai reçu il y a quelques jours, je ne l'ai pas regretté (exemple ci-dessous).

Il présente toutes les qualités coutumières à la marque, en plus d'être petit, gracieux et maniable. Il porte bien ses 8 MPX pour sa petite taille, mais là, du fait de l'absence de viseur, obligation de se servir de l'écran LCD. Par chance, il est grand. Par rapport à l'A200, on retrouve un peu les mêmes fonctionnalités et les mêmes commandes, mais cette fois — sur ce petit machin qui tremblote — la technologie Anti-Shake prend toute sa signification et la position macro est très performante.
Et, pour les photos de nuit, on n'a pas l'extrême sensibilité du Revio, mais tout de même :

C'est quoi ce truc zarbi ? Ce n'est pas un temple hindou, c'est l'église de la Trinité prise hier soir de la banquette arrière d'un taxi à une cinquantaine de km/h.

Là, avenue de l'Opéra vers 20 h 30. Cette photo a été prise un peu bêtement, mais elle a une atmosphère. Pas de doute, on est bien en présence d'un KM. Dommage que ça doive s'arrêter. Le monde moderne, part one.

Comments

[ptipois]

Merci les filles !

[Fabienne]

Courage, tu vas en voir le bout ... Et à très bientôt ... Tout ce que l'on surmonte rend plus fort ...

[mercotte]

Tu es vraiment une spécialiste pro de la photo ! en tout cas bravo elles sont superbes, et un petit sourire, la vie est belle et demain est un autre jour !
Quelle chance d'aller à l'Arpège, c'est vraiment mon préféré!