La chasse au paprika

Il y a une petite vingtaine d'années, j'ai passé quelques mois de ma vie dans un appartement du passage des Petites-Écuries. Je suis encore nostalgique de ce quartier à dominance kurde, et j'aime toujours y revenir faire quelques courses.
Hier soir, ne désirant pas rester sur un échec, je suis allée chercher du paprika. Et ayant l'intention de ne pas rater mon coup, j'ai cinglé droit vers Izraël, rue François-Miron. Il y avait bien du paprika, mais seulement du précieux-doux,  correct mais un peu décevant. Pas de rouge de Kalocsa, de semi-doux, ni de paprika piquant. Ce dernier est attendu depuis un an à la boutique. On me dit qu'il n'est pas facile de trouver des produits hongrois, à part les vins. Pourtant, il y a encore dix ans, il était facile de trouver des épices, des charcuteries et des conserves hongroises. Il y avait même des magasins spécialisés. Peu à peu, les points de vente ont disparu de Paris et il n'y a plus d'autre solution que de rapporter les produits à l'occasion d'un voyage. C'est bizarre. Au moment où l'approvisionnement en denrées se "mondialise" dans nos villes, certaines provenances ne sont plus représentées. C'est mieux maintenant (à propos de l'Inde, du Sri Lanka, de l'Asie orientale, de l'Afrique, du Proche-Orient et de la Turquie), mais c'était mieux avant (Hongrie, continent américain).
Lestée, donc, de deux sachets de paprika hongrois, d'un sachet de pimentón espagnol fumé (dont l'odeur m'avait ensorcelée) et d'un salami hongrois Pick (grab it while you can), je suis sortie de la boutique lumineuse dans la nuit fraîche. Après une brève estimation géographique, je m'aperçus que le faubourg Saint-Denis n'était pas loin, et je décidai de pousser jusque-là. Avec un peu de chance, je trouverais ouverts quelques magasins turcs ou balkaniques. Ensuite, on pourrait dîner dans un restaurant du quartier.
L'épicerie balkanique Ronalba était en train de fermer. À côté, toujours chez Ronalba mais au rayon épicerie fine, parmi un beau choix de vins espagnols et de produits de qualité, j'ai acheté des saucissons basques et un flacon de balsamique. Dans un magasin turc, j'ai trouvé des raisins secs allongés importés d'Iran, de saveur douce et musquée. J'ai également acheté un sachet de pul biber (ce piment rouge en flocons, un peu salé et très parfumé), des baies d'épine-vinette séchées, des piments doux séchés et un mélange d'épices intéressant. Dans une gargote pakistanaise que je connais bien, j'ai refait le plein de rasgullas (je crois que ce sont les meilleurs de Paris). Puis je suis entrée au restaurant Derya, à côté de la brasserie Julien.

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[Axelle33]

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